Lancée il y a quatre ans par l'ex-ministre de l'Agriculture, de
l'Hydraulique et des Ressources halieutiques, Laurent Sedego, la
réalisation du barrage de Guitti connaît un grand retard en dépit de
l'investissement de plusieurs milliards de francs CFA, mobilisés sur le
budget de l'État.
Située à une dizaine de kilomètres de Séguénéga dans la
province du Yatenga, la localité de Guitti attend toujours son barrage. Des ouvriers en
activité, des graviers entassés le long de la digue du barrage, une
machine en plein concassage de blocs de roche : sur le site, les travaux
semblent tournés au ralenti même si pour Epilou Bamouni, de
l'entreprise EBATP/GECAUMINES, le travail s'effectue 24 heures sur 24.
Mais avec le retard que connaît le chantier, la déception des
populations est à la hauteur de l'euphorie suscitée lors du lancement du
projet le 30 avril 2009. Le barrage de Guitti a été décidé pour asseoir
le potentiel économique de la région du Nord. Avec une prévision de 900
tonnes de riz, 3 000 tonnes de légumes, 250 tonnes de poissons et de
produits halieutiques, la zone de Guitti se voyait déjà comme le grenier
de la région du Nord.
Le projet a pour but principal d'approvisionner en eau, la ville
d’Ouahigouya qui connaît des pénuries d'eau pendant la période chaude du
mois d'avril. À l'agence d'exécution des travaux eau et équipement
rural, société d'État créée en 2008 et chargée de la maîtrise d'ouvrage
déléguée, on précise que la quantité d'eau qui sera mobilisée est très
largement au-delà des besoins en eau de la ville de Ouahigouya pour les
trente prochaines années au moins. Selon elle, les calculs montrent que
même en année décennale sèche, le barrage se remplira.
Insuffisance des études techniques préalables, absence d’étude sur
l’'impact environnemental et social, etc. : retour à contre-courant sur
ce projet :
Souleymane Kanazoe, Sidwaya Quotidien (Ouagadougou) – AllAfrica 07-11-2013