C'est en 2016, première année du plan quinquennal 2016-2020, qu'a été procédée la mise au point d'une stratégie tenant compte de la nécessité de généraliser les services d'assainissement dans le milieu urbain, l'amélioration de la qualité des eaux traitées et leur promotion et réutilisation dans tous les secteurs de développement, ainsi que le recours aux nouvelles technologies dans le domaine de l'assainissement, l'amélioration des prestations rendues. Cet effort consiste à améliorer la qualité des eaux usées dans les stations d'épuration qui sont au nombre de 119 et qui traitent 255 millions de mètres cubes d'eau.
70 % de cette eau sont considérés de bonne qualité et 65 millions de mètres cubes d'eau sont réutilisés chaque année dans les domaines de l'agriculture et du tourisme. Très prochainement, cette eau sera aussi réutilisée dans le domaine industriel, c'est-à-dire dans le refroidissement des machines. Le programme de réhabilitation concerne 55 stations d'épuration dont les capacités vont être augmentées en même temps qu’elles seront rénovées. 10 stations ont déjà été réhabilitées et 22 autres sont en cours de réhabilitation pour l'amélioration de la qualité des eaux usées dans le cadre de l'exploitation dans le domaine de l'agriculture. Plusieurs projets de construction sont aussi dans les cartons. S’y ajoute un programme de transferts des eaux usées et des eaux traitées tels que le projet de Sousse Hamdoun (financé par la KFW, banque allemande de développement) qui permettra de stocker les eaux usées dans un bassin à proximité de zones agricoles et surtout d’oliveraies, ainsi que le projet de Tunis Nord, financé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). Ce deuxième projet comprend la réalisation d'un réseau de transfert des eaux traitées de la décharge actuelle du canal du golfe au bassin de stockage des eaux traitées, ainsi que la réalisation d'un bassin de stockage des eaux traitées d'une capacité de 160 000 mètres cubes afin de permettre aux agriculteurs de bénéficier des eaux traitées de haute qualité pour l'irrigation à Borj Touil. Outre divers autres projets de moindre importance, le pays cherche également à renforcer la capacité de traitement des eaux usées dans les grandes villes touristiques. En effet, 10 terrains de golf sont totalement irrigués par les eaux traitées, dont ceux de Hammamet, Sousse, Monastir, Tunis (La Soukra) Djerba et Tozeur. Parallèlement, les autorités conduisent la réhabilitation des réseaux d'assainissement. 250 kilomètres de réseau sont réhabilités chaque année.
En ce qui concerne la gestion des boues des eaux industrielles, la Tunisie travaille sur trois grands axes avec la KFW (banque allemande de développement), à savoir la maîtrise de la pollution industrielle, la gestion des boues ainsi que l'efficience énergétique. Le pays compte environ 5 400 unités industrielles mais dont le taux de raccordement aux services d'assainissement est seulement de 72 %. L’idée serait de regrouper les effluents. Une station commune pour est expérimentée à Ben Arous et des projets ont été élaborés pour Bizerte, Medjez El Bab, Moknine, Sfax, Enfidha et El Fejja.
En matière de gouvernance, la décentralisation des structures de l'ONAS est envisagée ; cette dernière s’accompagnerait de la création de départements dans chaque gouvernorat. Actuellement, l'ONAS est doté d'une seule direction régionale en charge de l'exploitation des réseaux et des infrastructures d'assainissement. Toutefois, cette direction est dépourvue de pouvoir décisionnel.
Samir Dridi, La Presse (Tunis) – AllAfrica