La
Guerre de l'eau aux portes de la République Démocratique du Congo est
le titre de l'ouvrage que vient de publier Modeste Mutinga, sénateur et
propriétaire du groupe de presse Média 7 (Le quotidien Le Potentiel,
Télé 7 et Radio 7). C'est son deuxième essai après La République des
inconscients. Le lancement de l’ouvrage a été fêté le 18 septembre 2014
au salon Lubumbashi du Grand Hôtel Kinshasa par le président du Sénat,
Léon Kengo wa Dondo devant un parterre de sénateurs, députés nationaux,
membres du gouvernement national, corps diplomatique, et d'autres
personnalités.
À cheval sur l'équateur, avec sa superficie de 2 345
000 kilomètres carrés et partageant 7 200 kilomètres de frontières avec
neuf pays voisins, la RDC est dotée d'un réseau hydrographique
particulièrement généreux de 39 000 kilomètres linéaires, comprenant le
majestueux fleuve Congo (deuxième en longueur en Afrique et deuxième au
monde par son débit), des nombreux affluents parmi lesquels les rivières
Ubangi au nord et Kasaï au sud, et des grands lacs. "La position
géographique du Congo lui confère une place de premier choix dans la
dotation en ressources en eau douce dont les réserves quasiment
pharaoniques représentent 60 % au niveau africain et 25 % au plan
mondial. Une aubaine certes, mais aussi une source de convoitise et des
conflits potentiels", a expliqué en introduction le sénateur et le professeur d’université Florentin Mokonda Bonza.
L'ouvrage Le Fleuve Congo et ses affluents : château d'eau convoité.
La guerre de l'eau aux portes de la RDC démontre que si le bassin du
Congo peut être considéré comme le château d'eau de l'Afrique,
paradoxalement, le flux que le fleuve Congo reçoit de certains de ses
importants affluents (Ubangi, Kasaï, Aruwimi) se contracte d'année en
année. Il ne bénéficie par ailleurs d’aucun système institutionnel de
surveillance qualitative et quantitative des ressources en eau. "À
titre d'illustration, sur les 127 stations qui collectaient des données
météorologiques et pluviométriques existant en 1970, il n'y en a plus
que vingt qu'on trouve dans les aéroports et non dans les zones
agricoles... et la Régie des voies fluviales ne compte plus que dix
stations fonctionnelles de mesurage des fluctuations des niveaux d'eau
de surface sur la centaine de l'époque."
Mutinga s'est aussi
penché sur les accords fictifs ou réels de Lemera signés entre l'AFDL et
le Rwanda, qui dans son article 4 stipule : "Prêchant le
panafricanisme, l'Alliance s'engage à céder 300 kilomètres aux
frontières congolaises, à l'intérieur du pays, pour sécuriser ses
voisins ougandais, rwandais et burundais contre l'insurrection rebelle."
L'auteur constate que quatre Grands Lacs (Albert, Édouard, Kivu et
Tanganyika) et trois rivières (Semliki, Ruzizi et Lukuga) sont situés
dans l'espace à céder aux trois pays, aussi les guerres successives dans
l'est de la RDC (AFDL, RCD, CNDP, M23, ADF/NALU) n'auraient-elles pas
comme motivation inavouée le contrôle sur ces ressources en eau,
d'autant plus que l'Ouganda multiplie les tentatives de déplacer les
bornes frontières sur la Semliki ?
Une autre question préoccupante
est évidemment celle des éventuels transferts d’eau depuis la RDC.
L’auteur rappelle que cette question devra être soumise à l'accord
préalable du peuple congolais consulté par voie de référendum,
conformément à la Constitution.
Martin Enyimo, Les Dépêches de Brazzaville – AllAfrica 27-09-2014
L’article du sénateur Florentin Mokonda Bonza – Le Potentiel Online (Kinshasa) 24-09-2014