À Muara Angke, région côtière située au nord de Jakarta, le manque
d’accès à l’eau courante contraint les populations à se baigner et à
laver leur linge dans les eaux grisâtres et troubles des bassins à
poissons. "Je ne suis pas dégoûtée du tout. Je m’y suis habituée",
a déclaré Ibu Nunung, qui gagne sa vie en décortiquant des moules,
devant sa maison, à Muara Angke Blok Empang, un quartier pauvre de la
région. Les habitants, dont bon nombre vivent avec moins de deux
dollars par jour, doivent débourser l’équivalent d’un dollar par jour
pour acheter de l’eau salubre destinée à la consommation et à la cuisine
auprès de marchands d’eau en cruches, a expliqué Ibu Nunung. Les
démangeaisons cutanées sont un problème courant chez les habitants de la
région, a-t-elle admis. Comptant 10 millions d’habitants, Jakarta est
parsemée de quartiers pauvres tels que celui de Muara Angke. Moins de 50
% des habitants de Jakarta ont accès à l’eau courante, selon
l’organisation non gouvernementale Mercy Corps Indonésie. Plus de 75 %
des habitants de la ville dépendent de l’eau souterraine superficielle,
mais selon une étude officielle, 90 % des puits de surface sont
contaminés par des bactéries coliformes ou des métaux lourds, a indiqué
l’ONG dans une publication intitulée Urban Poverty Reduction Strategy ? –
Quelle stratégie pour la réduction de la pauvreté urbaine ?, parue en
2008. Jakarta produit 6 000 tonnes de déchets chaque jour, mais ne peut
en traiter que la moitié selon l’organisation. Une étude publiée en
2008 par le programme d’eau et d’assainissement de la Banque mondiale a
révélé qu’en 2004, seuls 57 % des ménages indonésiens avaient facilement
accès à un lieu privé et sûr où uriner et déféquer. Toujours selon les
conclusions de cette étude, le manque d’assainissement coûte à
l’économie indonésienne 6,3 milliards de dollars par an, soit 2,3 % du
produit intérieur brut du pays.
En mars dernier, le gouvernement a lancé un programme destiné à assurer
l’accès de 80 % des ménages urbains à des systèmes d’assainissement
adaptés, d’ici à 2014. Le Programme de développement des systèmes
d’assainissement des habitations, qui devrait coûter 5,5 milliards de
dollars, vise à développer les services de traitement des eaux usées
dans 226 villes, à construire des sites d’enfouissement sanitaire au
profit de 240 zones urbaines, et à mettre un terme aux inondations qui
touchent diverses zones urbaines stratégiques sur une superficie de 22
500 hectares. Dans le cadre d’un autre programme, baptisé Stratégie
nationale pour un assainissement communautaire total et lancé en 2008,
le gouvernement vise à assurer un accès à l’assainissement et à
introduire des méthodes plus efficaces de traitement de l’eau dans 10
000 villages, d’ici à 2012.
IRIN – 19-04-2010