Faire
du neuf avec du vieux. Souvent, une bonne idée tient en quelques mots,
comme ceux-ci. Ainsi, des designers chinois ont choisi de réinventer la
machine à laver en remettant au goût du jour la roue à aubes. Oui, la
roue à aubes, celle qui équipait les moulins du début du siècle dernier
et qui transformait l’énergie des rivières en force mécanique pour
remplacer l’homme dans l’accomplissement des tâches les plus exigeantes
physiquement.
Aujourd’hui pourtant, cette roue à aubes est un
vestige. Les designers ont donc imaginé une de ces roues, tout ce qu’il y
a de plus classique, mais ils ont relié chacun des trois rayons avec
des plaques de plexiglas, sur chaque côté de la roue. L’une de ces
plaques est amovible, bien sûr : elle remplace le couvercle de la
machine à laver traditionnelle. Avec ses trois compartiments, cette roue
à aubes peut permettre à trois familles de faire leur lessive en même
temps. Il leur suffit alors de disposer leur linge dans le compartiment
qui leur est réservé, d’y ajouter de la lessive, et de plonger la roue
dans la rivière la plus proche, pour un lavage qui ne rejettera pas le
moindre gramme de CO2. L’invention est belle, non ? Pourtant, quelques
critiques viennent spontanément à l’esprit. Parmi celles-ci, une
purement pratique : en ne comptant que sur l’eau des rivières, il ne
faut pas espérer pouvoir faire partir les taches les plus tenaces qui ne
disparaissent qu’à haute température. Il faudra se contenter de lavages
à froid. Le second frein à la généralisation d’un tel objet, c’est
qu’il faut laver son linge dans l’eau des cours d’eau. Or on sait
aujourd’hui que l’immense majorité des cours d’eau est polluée, que ce
soit par les rejets des usines, des élevages, ou par la dispersion des
engrais et des pesticides utilisés pour l’agriculture. Vous êtes sûrs de
vouloir laver votre linge dans un liquide pollué ? Et puis enfin, la
dernière critique que l’on peut avancer, et non la moindre, c’est la
pollution que pourrait engendrer l’utilisation de la roue à aubes /
machine à laver. La lessive utilisée pour le lavage (et tous les
composés chimiques qu’elle contient) serait alors immédiatement déversée
dans la rivière, entraînant une pollution potentiellement grave… Non,
vraiment, cette roue à aubes est une belle idée, elle permet de mettre
en lumière des méthodes alternatives pour laver son linge, mais sans
doute pas les bonnes. Pour l’instant, mieux vaut se contenter de notre
bon vieux système d’égouts qui envoie nos eaux de lavage à la station
d’épuration au lieu de les relâcher directement dans la nature.
Benjamin – Univers Nature