Si rien
n’est fait, le monde pourrait faire face à un déficit global en eau de
40 % d’ici 2030. Il est donc impératif de changer la manière dont nous
gérons et utilisons cette ressource vitale, insiste le Rapport mondial
des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau qui était
présenté le 20 mars à New Delhi (Inde), à l’occasion de la Journée
mondiale de l’eau (22 mars).
"La Journée mondiale de l’eau nous
rappelle combien il est important d’avoir accès à une quantité
suffisante d’eau (…). Mais combien de personnes bénéficient d’un tel
droit ? Combien de femmes et de filles disposent d’un tel "luxe" ?
S’agit-il d’un problème de disponibilité de la ressource ou d’une
question politique ?", s’est interrogée Flavia Schlegel,
sous-directrice générale de l’UNESCO pour la science, qui a ouvert les
célébrations de la Journée aux côtés de Sanwar Lal Jat, ministre d’État
indien des ressources en eau, de Michel Jarraud, président de l’ONU-Eau
et secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale et de
Nicholas Rosellini, directeur régional adjoint pour l’Asie et le
Pacifique du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Aujourd’hui
encore, 748 millions de personnes sont privées d’accès à une source
d’eau améliorée, c’est-à-dire qui ne soit pas protégée de la
contamination extérieure. Les premiers concernés sont les pauvres, les
femmes et les populations marginalisées. Le rapport, intitulé "L’eau
pour un monde durable", montre que tandis que la demande augmente, notre
gestion de l’eau reste peu durable. Cette situation risque à terme
d’entraîner des conflits entre les secteurs d’activité mais aussi entre
les régions et les pays.
"Plus que d’un problème de
disponibilité de la ressource, il s’agit d’une crise de la connaissance
et de la gouvernance de l’eau", a pour sa part souligné Michela
Miletto, coordinatrice a.i du Programme mondial d’évaluation des
ressources en eau, qui produit le rapport. "2015, a-t-elle poursuivi,
est une année politique charnière. Elle sera l’occasion pour la
communauté internationale d’adopter les futurs Objectifs du
développement durable, à l’horizon 2030. Autre rendez-vous clé : la
Conférence de Paris sur le climat (COP 21) en décembre pendant laquelle
les pays se sont donné pour objectif de limiter les effets du changement
climatique."
"Les enjeux sont incroyablement élevés",
a résumé pour sa part Michel Jarraud, qui a souligné que la gestion
durable de l’eau est l’affaire de tous, qu’il s’agisse de la société
civile, du secteur privé ou des organisations internationales.
Le
Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources
en eau est produit par le Programme d’évaluation des ressources en eau
(WWAP), qui est hébergé par l’UNESCO. Il est publié au nom de l’ONU-Eau.
Jusqu’en 2012, le rapport, qui dressait un état des lieux exhaustif de
l’état des ressources en eau dans le monde, était publié tous les trois
ans. Il est depuis 2014 annuel et thématique.
L'EAU POUR UN MONDE DURABLE
Message général.
L’eau est au cœur même du développement durable. Les ressources en eau,
et les nombreux les services qu’elles assurent, contribuent à la
réduction de la pauvreté, la croissance économique et favorisent un
environnement durable. Qu’il s’agisse de la sécurité alimentaire ou
énergétique, de la santé humaine ou de l’environnement, l’eau contribue
au bien-être social et à la croissance, affectant la subsistance de
milliards de personnes.
Message 1. L’eau génère une série de
bénéfices et de services cruciaux pour le développement durable et la
croissance inclusive. Ils sont vitaux pour pratiquement tous les
secteurs économiques dont dépend la subsistance de milliards de
personnes.
Message 2. Les ressources en eau sont renouvelables
mais les niveaux disponibles à un moment ou dans un lieu donnés
s’inscrivent dans les limites de leur cycle naturel. Lorsqu’on tient
compte de ces limites, le développement s’appuie sur des bases durables.
Au-delà de ces limites ou si l’on utilise les ressources d’une façon
non durable, le développement peut être menacé, la santé des écosystèmes
compromise et les communautés vulnérables appauvries.
Message 3.
Les ressources en eau ont joué un rôle clé dans les progrès réalisés
depuis 30 ans, contribuant à améliorer la santé, la sécurité
alimentaire, l’égalité sociale, la croissance économique et la santé de
l’environnement. Elles ont permis d’améliorer les conditions de
subsistance de centaines de millions de personnes qui ont pu s’extraire
de la pauvreté. Malheureusement, ce progrès n’a pas bénéficié à toute la
planète et beaucoup reste à faire.
Message 4. La gestion de
l’eau et les décisions affectant cette ressource seront déterminantes
pour faire face aux défis du 21ème siècle, qu’il s’agisse de
l’urbanisation, du développement industriel durable et de la croissance
économique, de l’éradication de la pauvreté, de la sécurité alimentaire
et énergétique, de répondre aux nouveaux modes de consommation ou encore
de de préserver les écosystèmes existant.
Message 5. Les
valeurs et bénéfices assurés par les ressources en eaux et les
écosystèmes devraient être davantage pris en compte dans le calcul des
coûts et bénéfices des décisions relatives au développement et aux
investissements liés à l’eau. Lorsque l’eau est gérée efficacement et de
façon transparente, les investissements génèrent des bénéfices sociaux,
économiques, financiers qui compensent largement les coûts.
Message 6.
Une bonne gestion de l’eau permet d’améliorer la sécurité, la
résilience et de réduire les risques auxquels font face les personnes
vulnérables. Elle permet aussi de mieux préserver les écosystèmes
menacés par des niveaux de demandes non durables, la pollution, le
changement climatique, l’utilisation des terres et l’exposition
grandissante aux événements extrêmes.
Message 7. Les décisions
qui déterminent l’utilisation des ressources en eau (ou leur
surexploitation) ne doivent pas être prises par les seuls gestionnaires.
Le développement durable nécessite l’implication d’un plus grand nombre
d’acteurs politiques – issus des gouvernements, de la société civile et
du secteur privé – pour que l’eau soit prise en compte dans le
processus de décision et dans les réponses qui sont apportées.
Rapport mondial des Nations unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2015 : L’eau pour un monde durable (en anglais)
Résumé du rapport (en français)
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