L’eau a sa Journée mondiale qui met l’accent, cette année, sur ses liens
avec l’alimentation et sur leurs enjeux. L’occasion d’approfondir les
réflexions conduites lors du 6ème Forum mondial de l’eau quant aux
solutions à mettre en œuvre pour garantir une "sécurité hydrique"
indispensable à la planète toute entière…
La sécurisation de l’eau, c’est d’abord la sécurité d’une vie digne.
C’est la promesse de disposer d’une eau suffisante pour nourrir et
soigner la population planétaire. C’est ensuite la sécurité économique
et sociale pour produire biens et services dans un cadre juste et
incitatif. C’est aussi, obligation plus nouvelle, la sécurité écologique
pour assurer la préservation de la biodiversité autant que la vie des
générations futures. Cette sécurisation mêle indissociablement eau et
énergie que nous devons, l’une et l’autre, consommer moins et gérer
mieux. Impératif majeur et à court terme, cette "Water Security"
s’inscrit parmi les nécessités stratégiques du monde de demain, au même
titre que la sécurisation des ressources rares, de la mer ou des univers
chimique et nucléaire…
Le Conseil Mondial de l’Eau demande que soit garantie une énergie à bas
coût, nécessaire à la disponibilité de l’eau. Une énergie indispensable
pour éviter que l’accès à l’eau recule dans les campagnes d’Afrique ou
les bidonvilles d’Asie, sitôt que le prix du baril flambe. Nous demandons également aux États d’imposer très vite, au cœur de la
négociation climatique, un "paquet eau-énergie" pour accroître le
financement des grandes infrastructures de l’eau et de l’assainissement.
Faire accepter que la sécurité de l’eau soit érigée en priorité
planétaire relève d’une volonté internationale exceptionnelle, basée sur
l’engagement des Nations unies et l’adoption d’un ou plusieurs traités
internationaux qui irrigueront ensuite les politiques nationales et
locales. À travers elle, il s’agit de garantir une croissance acceptable
et un développement harmonieux.
Que la planète soit bleue ou la croissance verte, la couleur importe
peu. Ce qui compte, c’est la nature, la qualité et la durée de cette
croissance. C’est que, basée sur la maitrise de l’eau et de l’énergie,
elle soit suffisante, partagée, équitable et respectueuse de l’homme
comme de la nature. Ce que le monde attend de nous aujourd’hui, c’est
qu’au temps des incantations succède le temps des solutions. Et des
réalisations. Car au-delà des discours et des déclarations, notre
planète a besoin d’actes concrets et crédibles.
C’est ce défi que la France, Marseille et le Conseil Mondial de l’Eau
ont relevé en organisant le 6ème Forum mondial de l’eau, du 12 au 17
mars derniers. Un Forum dont les enseignements sont autant de messages.
Et portent autant d’exigences. Ce fut d’abord un Forum fédérateur rassemblant plus de 20 000 délégués
venus de 173 pays, décideurs politiques et économiques, responsables
d’ONG et journalistes, autour d’une
ambition commune : faire avancer, concrètement, la cause de l’eau. Ce fut aussi un Forum résolument politique où une quinzaine de chefs
d’États et de gouvernements ainsi qu’un millier de ministres,
parlementaires ou élus locaux ont formulé des engagements forts. Et
inscrit l’eau et l’assainissement au menu du Sommet de Rio+20 du mois
de juin prochain. Ce fut enfin un Forum novateur où la plateforme créée
tout exprès a enregistré près de 1 400 solutions de toute nature et de
toute dimension, mais toutes concrètes et susceptibles d’apporter des
réponses aux milliards de femmes et d’hommes qui, à travers le monde,
attendaient de "vraies solutions".
Ces solutions, ces engagements et bien d’autres encore à venir, il
appartient désormais à chacun de les faire vivre en cette Journée
mondiale de l’eau et au-delà pour que le "message de Marseille", riche
de mobilisation et d’espoirs, se traduise au plus tôt dans la réalité
quotidienne de tous ceux qui, à travers le monde, ont soif et ont faim.
Conseil Mondial de l’Eau – 21 mars 2012