La gestion rationnelle de l'eau est la clé de la résilience au Sahel.
Elle permettrait de désamorcer l'engrenage des crises de sécurité
alimentaire liées aux conditions météorologiques qui ont affligé la
région et les communautés rurales ces dernières années, a souligné
aujourd'hui le directeur général de l’Organisation des Nations unies
pour l’alimentation et l’agriculture – FAO, José Graziano da Silva, lors
d’une réunion de haut niveau sur la résilience dans le Sahel axée sur
l'irrigation et la gestion de l'eau, à laquelle participent des
représentants du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du
Sénégal et du Tchad. Face aux enjeux récurrents des sécheresses et des
inondations qui pèsent sur les moyens d'existence des agriculteurs et
des éleveurs, "l'eau représente souvent un problème dans le Sahel,
qu'il y en ait trop ou pas assez. Et ce sont les plus pauvres et les
plus vulnérables qui sont le plus touchés", a-t-il fait remarquer.
Compte tenu de ses conditions agro-climatiques et environnementales
souvent difficiles, le Sahel est une des régions les plus vulnérables au
monde. L'agriculture y est pourtant l'activité économique la plus
importante. Les économies locales et les moyens d'existence des pays du
Sahel sont tributaires des sols, de l'eau et de la végétation.
Cependant, l'état de ces ressources se détériore continuellement du fait
de l'expansion des établissements humains, de l'érosion et de la
demande de nourriture, de fourrage, de combustible et d'eau. Il n'en
reste pas moins que l'agriculture de la région – mise sur la voie de la
résilience – détient un grand potentiel, a soutenu M. Graziano da Silva.
Si le Sahel est caractérisé par des précipitations annuelles faibles et
erratiques, avec de brèves saisons de pluies irrégulières, ses
ressources hydriques renouvelables placent les disponibilités de la
région au-dessus de la limite de pénurie d'eau fixée à 1 000 mètres
cubes par an et par habitant. D'ailleurs, à l'exception du Burkina Faso,
le Sahel ne souffre pas de pénurie d'eau absolue globale. "Une fois
mobilisé comme il se doit, le potentiel agricole de la région pourrait
facilement dépasser le stade des ventes locales et servir les marchés
régionaux et même internationaux", a précisé le directeur général de
la FAO. Cependant, ce potentiel ne pourra être libéré que par une
gestion plus efficace, durable et intégrée des ressources en eau pour la
productivité agricole et le développement rural.
M. Graziano da Silva a invité les gouvernements, les partenaires de
développement, les universités, la société civile et le secteur privé
participant au forum de Dakar à faire preuve de créativité et de rigueur
dans leur quête de solutions. "Nous disposons des outils nécessaires
pour transformer les populations vulnérables du Sahel en communautés
beaucoup plus fortes et résilientes, et nous ne pouvons plus nous
permettre d'attendre la prochaine sécheresse ou inondation", a-t-il
affirmé. Les investissements dans les petites installations de collecte
et de stockage de l'eau ont un impact formidable sur les familles
rurales. Des systèmes d'irrigation flexibles offrant aux agriculteurs
une meilleure maîtrise de l'eau peuvent améliorer considérablement leurs
revenus. Parallèlement, il faut intensifier les investissements dans
les systèmes d'irrigation à moyenne et grande échelle en misant sur des
partenariats efficaces entre les secteurs public et privé, selon le
directeur général.
L'événement de Dakar fait partie de deux réunions consécutives de haut
niveau sur le renforcement de la résilience rurale au Sahel, organisées
par la Banque mondiale, le Comité permanent inter-états de lutte contre
la sécheresse dans le Sahel – CILSS, et les gouvernements de Mauritanie
et du Sénégal, avec la participation de l'Union économique et monétaire
ouest-africaine – UEMOA et de la Communauté économique des Etats de
l'Afrique de l'Ouest – CEDEAO. La première réunion, ciblée sur les
besoins des communautés pastorales du Sahel, s'est déroulée à Nouakchott
(Mauritanie), le 29 octobre.
Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO (Rome) – AllAfrica 31-10-2013