L'adaptation de l'Assainissement total piloté par la communauté ATPC,
fait son chemin en Afrique. Le Niger a apporté une touche assez
originale dans la réplication de cette approche importée de l'Inde. Dans
ce pays, les 277 villages certifiés "fin de la défécation à l'air libre"
exigent à tout homme qui demande la main d'une fille de construire des
latrines chez-lui. C'est une condition non négociable. Cela est aussi un
indicateur de la prise de conscience que l'eau, c'est la vie et que
l'hygiène, c'est la dignité.
"C'est une condition déterminante dans le cérémonial des fiançailles,
parce que le père s'assure que sa fille, une fois mariée, n'aura pas de
problème d'accès aux toilettes", explique Ousmane Dambadji, le
président du Réseau nigérien des journalistes pour l'hygiène et
l'assainissement. Cette valeur contraignante est pertinente au regard
des exclusions dont certaines femmes sont victimes lors de leurs
périodes de menstruations. Ces 277 villages ont été soutenus, pour la
plupart, par Plan Niger tout au long du processus de construction de
latrines et de vulgarisation des comportements hygiéniques.
L'organisation poursuit ses efforts dans l'amélioration des conditions
de vie des populations surtout vulnérables. Cette expérience fait,
aujourd'hui, l'objet d'une étude d'un étudiant d'une université
américaine. Cette approche originale a permis à beaucoup de ménages des
villages non encore introduits dans le processus de l'ATPC de disposer
de toilettes. Dans des familles des zones rurales, on peut trouver des
personnes avec des téléphones portables qui coûtent plus cher que la
construction de toilettes. Aujourd'hui, il reste à documenter cette
approche pour voir dans quelles mesures la reproduire afin de donner la
chance à plus de ménages de disposer de cette infrastructure. Il faudra
aussi rappeler que l'Organisation néerlandaise pour le développement –
SNV, WaterAid et l'UNICEF accompagnent le gouvernement du Niger à mettre
à l'échelle cette approche. Le Réseau nigérien des journalistes pour
l'eau et l'assainissement travaille également afin d’orienter une partie
de la zakat (dîme) vers la construction de toilettes au profit des
ménages démunis dans les campagnes. "Nous sommes en train de
sensibiliser des commerçants pour qu'ils construisent des toilettes dans
les villages au lieu d'offrir de l'argent aux personnes dans la rue. Il
y a des commerçants qui mobilisent jusqu'à 500 millions de francs CFA
de zakat. Si une partie de ce montant est affectée à la réalisation
d'infrastructures d'assainissement, le nombre de bénéficiaires
augmenterait" argumente Ousmane Dambadji.
Idrissa Sané, Le Soleil (Dakar) – AllAfrica 20-02-2014