Le 22 mars,
c'était la journée mondiale de l'eau. En général, à Goma, des voix
s'élèvent pour attention particulière soit portée au problème de l'accès
à l'eau potable. Dans une interview accordée à une radio locale,
Gautier Misona, le président la société civile de la ville de Goma,
laisse entendre que la question d'eau doit être un sujet populaire : "L'accès
à l'eau potable est un droit inaliénable en RDC. La population doit
donc penser à se prendre en charge au travers des manifestations non
violentes – marches pacifiques, déclarations publiques etc. – pour revendiquer l'eau potable."
Plus
qu'un calvaire, un désastre, la pénurie d'eau récurrente au Congo en
général et à Goma en particulier est devenue une catastrophe. À en
croire le rapport annuel 2013 de l'UNICEF, 37 millions de Congolais
n'ont pas accès à l'eau potable et les chiffres vont croissant. "Pourtant,
nous avons mille et une raisons de jouir de cette ressource que nous
détenons abondamment. Il y a lieu de s'interroger à quoi nous sert toute
cette eau. En ce qui concerne la ville de Goma, c'est un paradoxe que
de vivre au bord d'un lac majestueux et de mourir de soif. Dans la
majorité de quartiers résidentiels de cette ville située au pied d'un
volcan, les robinets sont secs. Les conséquences humanitaires sont
fâcheuses. La consommation de l'eau impropre (l'eau du lac non traitée)
est la cause de maladies hydriques. Aller chercher de l'eau potable tôt
le matin ou tard le soir, c'est faire de très longues distances à pied,
avec tous les risques que l'on peut encourir, comme les rapts, les
viols, voire les meurtres."
"Nos équipes sont à pied d'œuvre pour
pallier à ce déficit criant d'eau à Goma, juste un peu de patience",
telle est la chanson qu'on nous sort toujours quand on évoque ce
problème de pénurie d'eau aux autorités locales. Pas de plan directeur
de l'eau, pas de code d'eau, pas d'efforts de reconstruction
d'infrastructures concernant l'eau, pas d'aménagement de source publique
d'eau, bref, aucune issue en vue face à cette question qui touche
toutes les couches de la population."
De leur côté, certains
jeunes engagés dans la Lutte pour le changement positif au Congo, la
Lucha – prévoient d'organiser prochainement une journée de manifestation
devant les bureaux des autorités pour exiger que l'eau coule à nouveau
dans les robinets. Bienvenu Matumo, militant de la Lucha, motive cette
action : "Ce n'est pas une faveur qu'on va leur demander, mais c'est
juste une demande de rétablissement de nos droits. L'eau c'est la vie,
dit-on. Nous avons droit à la vie. Pendant longtemps le peuple s'est
contenté de demi-mesures, nous voulons des solutions durables."
Chantal Faida, Goma, Radio Netherlands Worlwide – AllAfrica 25-03-2014