02/03/2015
Algérie

Valorisation des eaux usées pour renforcer l'irrigation agricole

Confronté
à son climat aride et semi-aride, l'Algérie a opté, entre autres
mesures, pour la valorisation des eaux usées domestiques afin de
préserver ses ressources conventionnelles et répondre aux besoins du
secteur agricole qui pompe 65 % des volumes disponibles.

Actuellement,
près de 800 millions de mètres cubes d'eau épurée sont produits
annuellement par les 165 stations d'épuration à l'échelle nationale, un
volume qui devrait passer à un milliard de mètres cubes d'ici à cinq
ans, indique à l'APS le directeur de l'assainissement et de la
protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau, Ahcène
Aït Amara. "C'est un potentiel extraordinaire qu'il faut absolument
valoriser étant donné que l'eau devient de plus en plus rare du fait des
changements climatiques"
, souligne le même responsable. Mais
faut-il aussi élargir l'utilisation des eaux usées épurées pour
rentabiliser les investissements engagés dans ce créneau hydraulique
sachant qu'une station de capacité moyenne (pour 150 000 habitants)
coûte près de 4 milliards de dinars algériens. Pour rentabiliser cet
investissement, un schéma directeur a été conçu par le secteur en 2007
avec des prévisions d'irriguer par les eaux recyclées une superficie de
100 000 hectares à moyen terme contre 10 000 hectares actuellement. De
plus, le gouvernement compte porter la superficie des terres agricoles
irriguées d'un million d'hectares actuellement à deux millions d'ici
cinq ans. "À partir de 2020, nous commencerons à avoir des
superficies importantes irriguées à l'eau recyclée, et ce, à la faveur
de la nouvelle donne du secteur d'introduire le mode de traitement
tertiaire (traitements biologique et ultraviolet de l'eau) dans les
stations de traitement des eaux usées"
, prévoit le directeur de l'hydraulique agricole au ministère des Ressources en eau, Omar Bougueroua. "Le
passage au traitement tertiaire va nous permettre d'aller plus loin en
matière d'irrigation de façon à utiliser cette eau pour irriguer
d'autres cultures comme les maraîchers"
, selon cet agronome. Toutes
les STEP fonctionnent avec le système de traitement secondaire
(traitement biologique seulement), mais certaines, les plus importantes,
vont passer au tertiaire comme celles de Baraki, de Réghaia et de Beni
Messous (Alger) et d'El Karma à Oran.

Pour promouvoir cette eau
auprès des agriculteurs, les deux secteurs chargés des ressources en eau
et de l'agriculture comptent sensibiliser les utilisateurs en mettant
en avant l'arsenal juridique et réglementaire existant. M. Bougueroua
cite la loi relative à l'eau, qui représente le cadre général, et le
décret exécutif portant sur les principes d'utilisation de ce nouveau
produit, ainsi que des arrêtés ministériels. Un arrêté fixe les
caractéristiques que doit avoir cette eau à la sortie des STEP
lesquelles disposent de laboratoires d'analyses, et les cultures à
irriguer par type de traitement ont par ailleurs été identifiées.

Par
ailleurs, les stations opérationnelles produisent l'équivalent de 250
000 tonnes de boues par an, l'objectif étant d'atteindre 400 000 tonnes
avec l'entrée en production des nouvelles STEP. Une étude de
valorisation de ces boues, menée avec la Corée du Sud, a été d'ailleurs
finalisée en vue de promouvoir ce produit.

Algérie Presse Service (Alger) – AllAfrica 18-02-2015